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Son rêve des JO d’hiver brisé, elle vise les Jeux paralympiques d’été à Los Angeles

SPORT – Le 9 octobre 2022, sa vie bascule. Ce jour-là lors d’une compétition de short-track aux Pays-Bas, la Française Tifany Huot-Marchand est victime d’une grave chute dans un virage. Le diagnostic, implacable, est alors posé : une fracture de la cervicale C5 et la moelle épinière endommagée, qui malgré une opération par la suite, la rendent paralysée.

Devant l’évidence, les médecins lui annoncent qu’elle ne remarchera sans doute jamais. Mais pour la patineuse, c’est impensable. Sur son lit d’hôpital, elle se jure alors de remarcher, recourir et repatiner.

Comme un mécanisme de défense, elle se réfugie dans le déni. Hospitalisée aux Pays-Bas, elle enregistre quelques jours plus tard une courte vidéo où elle semble presque s’amuser de la situation. « Pour moi, c’était OK d’en rire parce que je me suis dit que ça n’était qu’une question de temps. Que j’allais retrouver les patins et que quelques semaines après, je serais sur la glace et tout irait bien », explique Tifany Huot-Marchand, 31 ans, cette semaine auprès de l’AFP.

S’ensuit alors une longue phase de rééducation, de larmes, d’examens médicaux, de kiné, de douleurs… et de progrès. Car malgré les pronostics pessimistes du corps médical, elle parvient à remarcher et à recourir, comme elle se l’était promis. Elle participe même au Marathon pour tous des JO de Paris l’été dernier.

Mais pour ce qui est de repatiner, le couperet tombe en juin 2023. Les médecins et la fédération sont catégoriques : retourner sur la glace serait trop risqué. Elle peut faire une croix sur les JO d’hiver 2026 à Milan et Cortina d’Ampezzo. « Quand on m’a annoncé ça, mon monde s’est écroulé. La première réflexion a été de me dire : “j’ai fait tout ça pour rien”. J’ai pleuré pendant des jours, je ne dormais pas. Ça a vraiment été compliqué de me relever après ça », confie-t-elle.

« Je ne me suis jamais dit : “ok, en fait je suis handicapée”. J’avais conscience de mes séquelles, c’était compliqué, mais je me suis dit : “Je suis plus forte que ça, ça va aller” », ajoute-t-elle.

Handicapée à 55 %

Désormais handicapée à 55 %, son quotidien reste marqué par les douleurs. « J’ai mal partout, tout le temps. J’ai mal aux mains, j’ai les jambes qui tremblent », décrit-elle parmi d’autres séquelles. « Aujourd’hui, je suis handicapée, j’ai ma petite carte de stationnement, ma carte d’invalidité. C’est la réalité de la chose. »

Pour repartir de l’avant, la native de Besançon s’est lancée dans un nouveau défi et s’apprête à disputer sa première compétition de paracyclisme, avec comme objectif les Jeux paralympiques de Los Angeles en 2028.

« Je m’entraîne à fond depuis le début de l’année, entre 8 et 15 heures par semaine. J’ai aussi contacté Laurent Thirionet (manager de l’équipe de France de para-cyclisme, double médaillé d’or aux JO de 2004 et 2008). Il a tout de suite été emballé par mon profil », explique-t-elle dans les colonnes du Parisien ce jeudi 15 mai.

Ce vendredi, elle s’élancera sur les routes de Maniago en Italie pour un contre-la-montre comptant pour la Coupe du monde. Le même jour que la sortie de son livre, Avec toute mon âme (Éditions En exergue).

« Ce titre représente tout ce que j’ai traversé. Ma passion pour le short-track, c’était clairement avec toute mon âme. Ensuite pour me relever, pareil, c’est vraiment l’âme qui a parlé plus que le corps », dit-elle auprès de l’AFP.

Elle y raconte en toute transparence son parcours, l’accident, les hôpitaux, les douleurs qui ne s’estompent pas, le suicide à 32 ans de son grand frère dépressif l’année dernière… et veut faire passer ce message : « même dans les ténèbres, la lumière revient toujours. »

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