Soutenir ou pas le PSG contre l’Inter, le dilemme de ces supporters des clubs français
FOOTBALL – La France doit-elle être derrière le Paris Saint-Germain en finale de la Ligue des champions ? La question ne cesse de revenir sur la table, dans les médias comme dans une discussion entre copains, à l’approche de PSG-Inter, samedi à Munich.
Alors, on s’est tourné vers ces autres supporters, d’un président de la République à un étudiant en passant par un artiste contemporain, pour avoir des réponses diverses et variées. Tour d’horizon.
Antonin, étudiant en droit et amoureux de Brest :
« Franchement, ça me fait bizarre de dire ça, mais ouais, je vais peut-être soutenir Paris samedi. Pas par amour du PSG, il ne faut pas exagérer. Mais ils nous ont sortis en barrages, donc si au moins ils vont au bout, on pourra se dire qu’on a perdu contre les champions. Puis, sans Mbappé, c’est un peu un « nouveau » PSG. Moins bling-bling, plus collectif. Bon, ça reste Paris, et en tant que Brestois, ou « Paysans » comme ils nous appellent, ce n’est pas naturel de les encourager. Mais face à l’Inter, je me dis que si un club français peut enfin ramener la coupe à la maison, c’est pas rien. Alors non, je ne sortirai pas l’écharpe, mais au fond, je ne serai pas mécontent s’ils gagnent. Si on les tape en championnat la saison prochaine, on pourra dire qu’on a battu les champions d’Europe ! »
Alice Pol, actrice, romancière et fan de l’OM :
« Cette question existentielle me contrarie depuis des mois. Me voilà obligée d’y réfléchir encore plus grâce à vous ! Mon cœur saigne en disant cela, mais j’aime bien trop le sport et ses exploits en tous genres pour ne pas encourager Paris à aller au bout de cette réussite. Donc je suis de leur côté pour cette fois, une exception assez douloureuse. »
François Hollande, ex-président de la République, Rouennais pour toujours :
« Paris n’a jamais eu les faveurs de l’opinion publique, souvenons-nous des sarcasmes qui avaient précédé le lancement des Jeux olympiques. Au fil des jours, les mêmes ont fini par comprendre que cette réussite était aussi celle de ceux qui n’y habitaient pas. Le PSG, en dehors des soutiens nombreux qu’il reçoit, suscite souvent des réticences, en raison d’un actionnaire qui apporte des moyens qu’aucun club ne peut mobiliser. Sans compter qu’ils dominent constamment le championnat français, ce qui ajoute encore à une forme de jalousie. Mais pour la finale de Ligue des champions, il y aura une unanimité. Le Paris Saint-Germain va représenter la France et le football français. […]
La réalité, c’est que les Français aiment gagner. Disons que si le PSG gagne, je suis sûr qu’il y aura une fête un peu partout, et pas simplement à Paris. Pour prendre l’exemple de la Corrèze, il y a beaucoup de territoires où il n’y a pas de grands clubs de football, donc toute la population va s’inviter en tant que supporter du Paris Saint-Germain, l’équipe qui gagne. Le Paris Saint-Germain, c’est l’équipe pour ceux qui n’ont pas de clubs. C’est un peu l’équivalent de l’équipe de France. (…) »
Mickaël, ultra de la Populaire Sud à Nice :
« On a battu l’équipe type du PSG il y a quelques semaines. Si Paris remporte la Ligue des champions, on aura battu le champion d’Europe. On serait donc un peu champion d’Europe nous aussi ! »
Baptiste, étudiant en médecine et fan de l’AJA :
« Sportivement, il n’y a rien à dire : le PSG, c’est la meilleure équipe d’Europe actuellement. Leur jeu, leurs stars, leur niveau… c’est impressionnant. J’aimerais pouvoir les soutenir, mais c’est impossible. À cause de leurs supporters. À chaque déplacement au Parc, on se fait humilier avec leurs chants « Paysans, paysans, paysans ». Ce n’est même pas la tribune ultra d’Auteuil qui chante ça ! Non, c’est Boulogne, la tribune supposée plus calme. C’est du mépris pour les clubs de province. Moi, ça m’a vacciné. J’en suis venu à détester ce club. J’en veux même plus de leur victoire en finale. Qu’ils perdent, et de la pire des manières si possible. Peut-être que ça les fera redescendre un peu sur terre. »
La (vraie) expertise de Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste des supporters de football
« Cette question ne se pose pas en Italie pour l’Inter. On ne demande pas aux autres supporters, car tout le monde sait que non. Pourquoi cette question se pose spécialement en France ? Dans d’autres pays de football, la rivalité passe avant l’enjeu sportif, ce qui paraît comme une évidence. Les clubs allemands, anglais ou italiens arrivent souvent en finale, au contraire des Français. Cela soulève une question d’intérêt national… »