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Thierry Henry a souffert de dépression « tout au long » de sa carrière

SANTÉ MENTALE – Entendre un sportif parler de santé mentale est encore rare. Alors forcément, leur parole est précieuse. Cette fois-ci, c’est l’actuel entraîneur de l’Équipe de France espoir et ancienne gloire des Bleus, Thierry Henry, qui s’est confié ce lundi 8 janvier, dans le podcast The Diary of a CEO. Il y évoque, entre autres, la dépression, son éducation et sa relation avec son père.

Malgré ses nombreux records et ses trophées – les plus beaux qu’un footballeur puisse gagner –, l’ancien meilleur buteur de l’histoire des bleus a traversé de nombreuses périodes très difficiles. « Tout au long de ma carrière, j’ai dû être en dépression. Est-ce que je le savais ? Non. Est-ce que j’ai fait quelque chose à ce sujet ? Pas du tout. Mais je me suis adapté », a-t-il expliqué.

Un formatage poussé à l’extrême

Thierry Henry est revenu en long et en large sur l’éducation qu’il a reçue de la part de son père. « La première fois qu’il m’a pris dans ses bras, mon père m’a dit : “Ce bébé sera un excellent joueur de football”. À partir de là, j’ai été programmée pour réussir. Mon père a pris le contrôle total de mon corps et c’était difficile », raconte-t-il. Si bien que le jeune Thierry ne reçoit que très peu « d’amour et d’affection » durant son enfance.

Une anecdote est devenue célèbre à ce sujet : alors que le futur champion du monde n’a que 13 ans, il marque les six buts de son équipe lors d’une victoire 6 à 0. Mais dans la voiture, au retour, son père ne le félicite pas, et ne lui parle que des choses qu’il n’a pas bien faites durant le match.

Ce formatage poussé à l’extrême n’est pas sans conséquence sur la vie de Thierry Henry. « Je savais que si je voulais rendre mon père heureux, ce n’était qu’avec le football. (…) J’ai toujours cherché son approbation. (… ) Si bien que jusqu’à il n’y a pas si longtemps, toute ma vie a été dédiée à contenter les autres » raconte-t-il.

« Les larmes venaient toutes seules »

L’entraîneur n’a ainsi pas vraiment appris à accéder à ses émotions. « Mon bonheur ou ma tristesse, je l’avais à travers les gens. Je ne savais pas ce qui me rendait triste ou pas. Moi, j’étais… Je ne dirais pas mort, mais exprimer mes émotions était très dur, à part l’énervement et la rage », témoigne-t-il. Celui qui a traîné une réputation de célébrer ses buts très froidement confie ainsi aujourd’hui qu’il n’était pas heureux lorsqu’il marquait.

Mais lorsqu’il a entendu « les gens parler de dépression », Thierry Henry explique : « Ça a fait tilt chez moi. Je suis un être humain, j’ai des sentiments. »

Il s’est également confié sur un moment charnière et difficile lors de son après-carrière, alors qu’il entraînait l’équipe de Montréal, durant la pandémie de Covid-19. Une période ou Thierry Henry explique avoir pleuré « quasiment tous les jours » : « Il fallait qu’il m’arrive quelque chose comme ça pour comprendre la vulnérabilité, l’empathie, le fait de pleurer. Que les émotions sont normales, mais qu’il ne faut pas les laisser te submerger. »

« Les larmes venaient toutes seules. Peut-être qu’elles étaient là depuis très longtemps. C’était bizarre, mais d’une bonne manière. Je ne pouvais pas le cacher », a-t-il continué. D’autres joueurs de l’équipe de France, actuels ou anciens, se sont déjà exprimés sur les périodes de dépression qu’ils ont traversées, comme Paul Pogba ou Benjamin Pavard.

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