Transport

« Bloquons tout » : à quoi s’attendre pour la journée du 10 septembre ?

FRANCE – Plus que quelques heures avant « Bloquons tout » et on commence à avoir une idée de qui attend les Français pour cette journée du mercredi 10 septembre. Bien que l’ampleur de la mobilisation sociale reste une inconnue, les autorités s’attendent à des actions diverses, allant de blocages de gares, raffineries, axes de circulation ou entrepôts Amazon à des opérations de sabotage de radars automatiques en passant par des manifestations classiques.

Des appels à la grève ont été lancés par plusieurs syndicats, en particulier dans les transports et les hôpitaux. Des appels à ne pas utiliser sa carte bancaire ou à ne pas aller faire ses courses circulent également sur les réseaux sociaux.

Les services de renseignement soulignent la difficulté à anticiper l’ampleur de ce mouvement « horizontal » et sans chef. Le HuffPost fait le point sur les secteurs qui vont être perturbés, même si le flou subsiste sur la forme concrète que va prendre ce mouvement de contestation à l’échelle nationale.

Les transports

Du côté des trains, deux organisations – SUD-Rail et la CGT-Cheminots – ont appelé à se mobiliser. La SNCF prévoit des perturbations « sur les trains régionaux et RER Transilien en Île-de-France, et TER dans certaines régions ». En revanche, les trains à grande vitesse TGV Inoui, Ouigo et internationaux « circuleront normalement », a précisé le transporteur dans un communiqué.

En outre, « des perturbations sont à prévoir sur les lignes Intercités Paris-Clermont-Ferrand, Paris-Limoges-Toulouse, Bordeaux-Marseille et les trains de nuit », les autres lignes n’étant pas touchées. La plupart des syndicats ont décidé d’agir plutôt le 18 septembre à l’appel de l’intersyndicale.

À noter toutefois que des barrages ferroviaires et routiers pourraient être érigés par les participants au mouvement. Bruno Retailleau a d’ailleurs annoncé ce mardi 9 septembre que des forces de sécurité seront déployées « dès ce soir sur des zones sensibles », appelant à la fermeté contre les actions qui cibleraient des points d’intérêts vitaux comme « des raffineries, des stockages de carburant, des gares, des périphériques, des rocades ».

À Paris, les transports en commun seront affectés par la grève. Si le RER A ne sera pas perturbé, la RATP et la SNCF prévoient deux trains sur trois dans la partie sud du RER B – avec le maintien de l’interconnexion à gare du Nord –, et seulement un sur deux dans sa partie nord. « Prévoir un train sur deux » sur le RER C et deux trains sur trois sur le RER E, indique la SNCF, qui ajoute que le RER D sera très fortement perturbé, avec des circulations interrompues par exemple entre Malesherbes et gare de Lyon ou entre Corbeil-Essonnes et Melun.

Le trafic sera perturbé sur l’ensemble des trains de banlieue, avec un train sur trois (H et R – seulement en heure de pointe pour cette dernière), un train sur deux (K, N, U) ou deux sur trois (J, L). La ligne P sera moins touchée.

Du côté du métro, bus et tramway, la RATP ne prévoit pas de perturbations.

La CGT et La Base, syndicat majoritaire chez les conducteurs de RER, avaient appelé à « bloquer » le réseau francilien ce 10 septembre. « Nous ne pouvions rester en marge de cette démarche, complètement en phase avec notre ADN : c’est la base qui décide », a dit La Base sur Facebook, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux collectifs appellent à bloquer des portes d’accès à Paris sur les 35 kilomètres de périphérique. Certaines pourraient l’être dès minuit dans la nuit de mardi à mercredi. Un blocage du boulevard périphérique est également annoncé à partir de 7h, selon France 3 Régions.

Dans l’Ouest, les citoyens mobilisés se donnent rendez-vous dès 6h mercredi dans la perspective de bloquer les rocades de Rennes et Nantes. Des actions similaires ou des barrages filtrants sont également annoncés dans les boucles de messagerie à Brest, Vannes ou Caen. Des péages vont également être bloqués.

« Des perturbations et des retards sont […] à prévoir sur l’ensemble des aéroports français », a annoncé la direction générale de l’aviation civile en amont de la journée de ce 10 septembre. Elle a en particulier demandé « aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols entre 18h et 0h de 50 % sur les aéroports de Nice, Bastia, Ajaccio, Figari et Calvi, ce qui représente un peu plus d’une cinquantaine de vols ».

Le syndicat SUD-Aérien a notamment appelé à la grève et au blocage des aéroports. Ce syndicat est surtout représenté chez les sous-traitants déployés à Roissy-Charles-de-Gaulle, notamment pour charger et décharger les bagages des avions. Au Monde, il a annoncé prévoir un rassemblement à Roissy, en prélude à d’autres blocages.

Par ailleurs, la CGT Air France prévoit un appel à la grève le 10 et le 18 septembre.

La santé

Du côté de la santé, des perturbations sont notamment à prévoir dans les hôpitaux de l’AP-HP. La CGT, FO, la CFTC et l’Unsa appellent à la grève pour se mobiliser contre des mesures telles que l’augmentation de la franchise médicale. Le syndicat SUD Santé Sociaux va plus loin en appelant au blocage total.

Comme le souligne Le Parisien, suite à l’appel de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), l’accès aux médicaments pourrait être compliqué par la grève « illimitée » des gardes de pharmacies.

Les éboueurs

Chez les éboueurs, plusieurs syndicats CGT ont déposé des préavis de grève pour le 10 septembre chez les éboueurs du privé. Dans des filiales de Veolia Propreté dans l’Ouest (Grandjouan Saco), le centre (Trisalid) ou en Normandie (Ipodec), mais aussi chez Suez Nouvelle-Aquitaine Occitanie ou Pizzorno Environnement. Plusieurs de ces préavis ne sont cependant posés que pour vingt-quatre heures, souligne Le Monde.

Les lycées

Cela risque de bouger également dans les lycées, où les forces de sécurité feront « aussi très attention » aux éventuelles occupations, a assuré Bruno Retailleau ce mardi 9 septembre. L’Union syndicale lycéenne appelle à bloquer les établissements, un appel notamment relayé par le député LFI Louis Boyard, qui encourage aussi aux mobilisations dans les universités.

Près de 30 universités françaises organisaient ce mardi à la mi-journée leurs assemblées générales pour décider de leurs actions mercredi. « L’Union étudiante appelle les étudiant-es à se joindre à la mobilisation (…) pour battre Emmanuel Macron dans la rue », selon son porte-parole Félix Stive.

La direction de Sciences Po a indiqué que ses sites à Paris et dans les régions resteraient fermés mercredi, avec des enseignements assurés à distance.

Énergie

Dans les raffineries, « des appels seront faits partout » pour le 10 septembre, a indiqué Éric Sellini, coordinateur CGT chez TotalEnergies. L’entreprise exploite trois des six raffineries de pétrole dans l’Hexagone.

La fédération CGT des mines et de l’énergie a également lancé un appel à la grève (qui court du mardi 9 au jeudi 11 septembre). Les salariés sont invités à bloquer des sites ou à manifester. « Ce seront des décisions locales », précise Frédéric Ben, délégué CGT de Storengy, filiale d’Engie spécialisée dans le stockage souterrain du gaz, cité par Le Monde.

SUD Industrie appelle aussi à participer aux actions de mercredi et des jours suivants.

Ailleurs

Le géant Amazon pourrait être perturbé par un piquet de grève sur le site de Brétigny-sur-Orge (Essonne) à partir de 12h.

Au-delà de ces actions, des centaines d’autres sont prévues pour cette journée de mobilisation, selon un bilan provisoire s’appuyant sur une carte collaborative (www.cartedesagbfc.gogocarto.fr).